La généralisation des datacenters hyperscale, la montée en puissance de l’IA et l’intensification des tensions sur les chaînes d’approvisionnement imposent une révision complète des stratégies industrielles, logistiques et réglementaires autour du cuivre. Chaque acteur de l’écosystème numérique (opérateurs, constructeurs, États, financeurs) dispose de leviers spécifiques. Mais seule une action coordonnée permettra de répondre à la double exigence de résilience et de performance à l’horizon 2030–2040.

Il y a à peine dix ans, un datacenter de 100 MW semblait colossal. Aujourd’hui, les projets liés à l’intelligence artificielle (IA) atteignent 1 000 MW, ou 1 GW, une échelle autrefois réservée à des barrages hydroélectriques ; certains projets en cours sont déjà prévus pour aller au-delà à terme. Ce changement d’ordre de grandeur bouleverse toutes les équations de conception, et en particulier celle du cuivre. Pourquoi ? Parce que chaque avancée en IA augmente la densité électrique et la complexité physique des infrastructures, et avec elles, la quantité de cuivre nécessaire à leur alimentation, interconnexion et refroidissement.

Dans l’univers en perpétuel mouvement des datacenters, une évolution nécessaire se dessine autour d’un enjeu aussi technique qu’économique : comment réduire notre dépendance au cuivre sans compromettre les performances ni la fiabilité ? Cette question, qui pourrait sembler anodine au premier regard, soulève en réalité des défis d’ingénierie considérables et pousse les acteurs du secteur à repenser fondamentalement l’architecture même de leurs installations. Le cuivre est omniprésent dans les datacenters depuis des décennies. Pourtant, face à l’explosion des besoins en capacité de calcul, à la volatilité des prix des matières premières et aux impératifs environnementaux croissants, l’industrie se trouve contrainte d’explorer de nouvelles voies.

L’administration américaine déploie un arsenal de mesures protectionnistes sans précédent tandis que la Chine resserre son contrôle sur les terres rares

Le cuivre, pilier discret mais vital des datacenters, voit sa disponibilité devenir un enjeu stratégique. Longtemps perçu comme une commodité technique, il impose désormais ses contraintes sur les choix d’architecture, de redondance et de localisation. Sa part modeste dans le coût global masque mal la volatilité de son prix et les tensions croissantes de sa chaîne d’approvisionnement. Face à la concurrence intersectorielle et aux délais longs d’approvisionnement, chaque kilotonne devient un facteur de risque. Dans ce contexte, les opérateurs n’ont plus la possibilité d’ignorer la matière : ils doivent l’anticiper, la cartographier, la piloter. […]

Les États-Unis accélèrent leur politique industrielle autour du cuivre et du lithium, dans un contexte de tensions sino-américaines croissantes.

Si les débats publics sur les datacenters se concentrent majoritairement sur leur consommation d’énergie et leurs émissions de gaz à effet de serre, un autre enjeu matériel, pourtant central, reste largement sous-estimé : le cuivre. Présent à toutes les étapes de la chaîne électrique et numérique (alimentation, redondance, transformateurs, serveurs, câblage réseau), le cuivre constitue la colonne vertébrale de l’infrastructure numérique mondiale. Pourtant, sa criticité reste peu connue, alors qu’elle est si importante comme nous allons le voir. […]

Cette semaine a été marquée par une intensification des tensions géopolitiques autour des minerais critiques, illustrant parfaitement la fragmentation croissante des chaînes d’approvisionnement mondiales. Alors que la Chine confirme sa stratégie de restriction des exportations de minerais stratégiques, les puissances occidentales accélèrent leurs efforts de diversification et d’autonomisation. L’investissement allemand de 104 millions d’euros dans Vulcan Energy pour développer le lithium géothermique, l’accord commercial entre les États-Unis et l’Indonésie, et la hausse spectaculaire de 30 % des exportations de spodumène du Zimbabwe témoignent de cette recomposition en cours. Ces développements simultanés soulèvent des questions cruciales sur l’avenir de la transition énergétique et la sécurisation des approvisionnements en minerais critiques.

La semaine du 14 au 20 juillet 2025 confirme l’ampleur des vulnérabilités qui menacent l’industrie numérique mondiale. Entre l’offensive tarifaire américaine sur les matières premières critiques, les investissements stratégiques d’Apple pour sécuriser ses approvisionnements, et les tensions géopolitiques autour des terres rares, cette période illustre comment la fabrication des semi-conducteurs et des technologies numériques dépend d’un écosystème géopolitique fragile et de plus en plus instrumentalisé.

L’industrie des semi-conducteurs est sous pression croissante en raison de la rareté du cuivre aggravée par le changement climatique et les tensions géopolitiques. La guerre des ressources stratégiques s’intensifie entre Chine, États-Unis et Europe, accélérant les relocalisations, la diversification des approvisionnements et l’innovation dans les matériaux alternatifs.